Le vent de la toussaint

Le vent de la toussaint Marc Helluin est médecin. Il arrive, un soir d’avril 1952, dans un petit village de Kabylie, répondant à l’appel d’Hamrane, un ancien compagnon d’armes d’Indochine. Il a décidé de vivre à l’écart en soignant les habitants du djebel. Marc est vite passionné par sa tâche et il apprend à comprendre et à aimer des patients aux mœurs très différentes des siennes.

Accueilli comme un frère dans la maison d’Hamrane, il tombe peu à peu amoureux de sa fille, Malika. Mais déjà les premières révoltes surviennent et la lutte pour l’indépendance se développe… Peu courants au cinéma (peur, honte ou les deux à la fois?), les récits sur la guerre d’Algérie sont toujours difficiles à manipuler. En décidant de traiter toute la période précédant le véritable conflit, Gilles Béhat a réussi à faire une œuvre à la fois touchante et juste. Malgré quelques erreurs de scénario, cette histoire d’amour impossible (qui rappelle celle de « Brasier » décrite par ailleurs) n’apporte pas grand-chose à un propos dramatique formidablement servi par un déroutant Etienne Chicot De quoi faire oublier à Gilles Béhat la déconvenue de « Dancing machine » et nous faire entrer dans un univers trop peu connu d’une jeune génération. A voir vraiment.

Tous les étudiants ont les mêmes préoccupations, craintes du présent et peur de l’avenir

Un adolescent mystérieux, surnommé Harry la Trique, interprété par l’excellent Christian Slater, émet tous les soirs sur sa radio pirate dans le but d’aider les étudiants en détresse. Mieux que personne, il sait comprendre les frustrations et les angoisses de ses petits camarades de campus. Si le message du «Cercle des poètes disparus» pouvait se résumer à la phrase latine «carpe diem» (en substance, «vis pleinement l’instant présent»), celui de «Pump up the volume», modernité oblige, se traduit par «talk hard!» («Parlez plus fort!»). Ce film, énorme succès chez les jeunes aux USA, ne semble pas avoir trouvé son public chez nous.
Etudiants
Les étudiants valeureux, qu’ils soient d’Europe ou d’outre-Atlantique, synthétisent, en fin de compte, les mêmes préoccupations, craintes du présent et peur de l’avenir. Mais les mentalités changent. Protester pour s’affirmer, c’est bien, mais dans quel ordre et pour quelles causes? Un prof de philo m’affirmait récemment : «Autrefois, j’avais des élèves insolents. Aujourd’hui, je n’ai que des élèves grossiers!» Affirmation nihiliste d’un enseignant fatigué ou constat péremptoire d’un prof vigilant? Permettez-nous, amis étudiants, de soumettre sa «maxime» à votre sagacité!

Le cinéma, c’est la guerre : il faut se méfier de tout et surtout de soi-même

Dans la BD, la star c’est le dessinateur et il faut être capable d’imaginer une histoire en fonction de l’univers de celui qui donne le coup de crayon.» Son dernier album, «Anibal cinq, dix femmes avant de mourir», un récit qui mêle l’action et le mysticisme, est le fruit de sa collaboration avec Georges Bess.
Il est dit qu’Alexandro Jodorowsky va nous surprendre encore puisqu’il se trouve, à mesure que le temps passe, de plus en plus imaginatif. «On dit parfois qu’avec l’âge, les cellules du cerveau disparaissent peu à peu. Pour ma part, je suis persuadé que celles qui se désintègrent sont les cellules inutiles. Les autres ont donc plus de place et de liberté pour s’exprimer…»

Misery

Misery Après avoir terminé son nouveau roman, un écrivain quitte l’hôtel de montagne où il a l’habitude de travailler et prend la route. Mais un violent blizzard le pousse dans un ravin. Vingt-quatre heures plus tard, l’homme se réveille chez celle qui l’a sauvé une infirmière retraité qui vit en recluse dans sa ferme isolée. Elle est la plus grande fan de l’écrivain, et surtout de son personnage, Misery, une héro)ne de feuilletons d’amour. Mais l’écrivain, qui veut changer de style, a tué son personnage. Inutile d’en dévoiler plus sur ce huis clos terrifiant qui oppose un homme, immobilisé par ses blessures et son état physique, à une femme qui l’idolâtre au point de ne plus vouloir le laisser partir et capable de le forcer à faire revivre un personnage qu’il a tué. Commençant sur un rythme feutré, le récit prend vite de la force avant de déboucher sur un duel sadomasochiste d’une grande cruauté, aussi bien mentale que physique. Regrettons la fin d’une violence grand-guignolesque. Bien sûr, elle est très efficace. Mais nous pouvions attendre un peu plus de subtilité de la part de l’auteur de «Quand Harry rencontre Sally ».

Fenêtre sur pacifique

Fenêtre sur pacifiqueComment s’en débarrasser? Tout le monde a connu cette situation, pénible s’il en est, de l’invité qui s’incruste, du casse-pied qui s’impose, de l’intrus qui s’installe. Il suffit d’accentuer les choses, d’extrapoler le fantasme jusqu’à la terreur, on obtient le scénario de « Fenêtre sur Pacifique ». A San Francisco, un petit couple sympa achète à crédit une ravissante maison victorienne. Leur idée la retaper pour en louer le rez-de-chaussée. Les candidats sont nombreux, il faut sélectionner, mais ils n’ont pas le tempo: un drôle de type prend la place d’assaut et s’installe sans leur laisser le temps de dire ouf ! Et le cauchemar commence… Exploitant cyniquement une loi faite pour défendre de malheureux locataires persécutés par leurs propriétaires rapaces, l’intrus retourne la situation à son profit et, par mille ruses tordues, rend la vie impossible à ses hôtes forcés. Escroc diabolique? Psychopathe pervers? Dangereux tueur? L’inconnu, sardoniquement incarné par Michael Keaton, est tout cela à la fois, si bien que le suspense croît de minute en minute, qu’on tremble pour le couple en péril (Matthew Modine et la délicieuse Mol-nie Griffith). Une sensation de malaise et de peur vous envahit irrésistiblement. Du grand art.