Autopsie d’un crime : la presse a voté pour

Autopsie d'un crimeNous qui avons trop tendance à croire que l’Amérique cinématographique ne vibre que pour ses héros purs et durs, des films comme «Autopsie d’un crime» (CBS-Fox Alliance) remettent les choses en place. Le cinéma américain auréolé de ses Rambo, Han Solo et autre Rocky cache la planète humaine où se débattent des Monsieur et Madame tout le monde, reflet exact et vibrant de ce que nous nommons l’Amérique profonde. Et on est surpris de voir que là-bas, comme ici ou ailleurs, des couples se font et se défont, des enfants naissent avec ou sans amour, que le social peut l’emporter sur l’humain… Un été des sixties, un soir de bal de collège, entre deux disques des Flash Cadillac, Francine fait la connaissance de Mikki, le dragueur du campus, le fort en femme, la coqueluche des pam-pamgirls. Brun ténébreux, dans la tradition américaine des latin’s lover, il s’entiche d’elle, dit qu’il l’aime et ne rêve que de concrétiser son idylle sur la banquette arrière de sa Plymouth. Elle est plutôt réticente. Le pucelage en ces temps-là avait valeur de bon de garantie. Œil allumé, passion dévorante, Mikki sort le grand jeu. Francine flanche. Selon le principe de Peters que Mikki semble adapter à sa vie amoureuse, le voilà prêt à épouser celle qui est trop bien pour lui, celle dont il a toujours rêvé, une femme belle et intelligente dont la suprématie rejaillira forcément sur lui, le looser affichant la façade des fonceurs. «On dit que vous êtes bon danseur», lui lance-t-elle comme un défi lors de leur première rencontre. «Quand je trouve une nana qui me plaît…» répond-t-il laconique avec l’air de celui qui sélectionne. Rien du tout, il sait bien qu’il n’est pas de la race des pionniers de gravure, tout juste un kid perdu dans un pays qui rejette systématiquement vers les couches sociales basses ceux qui ne font pas le poids. Il s’agit alors de rapidement concrétiser l’image du couple, de cimenter les blocs fragiles de cette union. On n’a jamais rien trouvé de mieux que les enfants. Surtout quand la morale se mêle de les élever, de les garder, de les chérir. L’enfant devient le lien qui semble indestructible, la convention sociale qui empêche les gens d’user de leur liberté. Le couple cauchemar s’installe. Elle torche, il boit. Elle reste digne, il chôme… Elle tente dans un dernier sursaut de se prouver qu’elle existe, elle reprend ses études. Il frappe. Dernier argument du faible devant la force de caractère qui anime celle qu’il aime. Car malgré tout il l’aime, mal, mais… Victime que son éducation, de son manque évident d’analyse, de ses raisonnements bruts, il se comporte à l’image des vieux principes d’éducation dans un pays en pleine mutation psychologique et sociale. Durant dix longues années, il va lui expliquer, à coups de poing, à coups de pied, comment un couple vit, comment chacun a sa place dans le puzzle familial, rejetant sans cesse ses enfants à la lisière de leur monde. Mais s’en servant comme d’un alibi lorsqu’elle se révolte. Il charrie les clichés rabâchés de son éducation, clichés qui lui sont sans cesse remis en mémoire par ses parents omniprésents qui suivent le couple dans sa vie. Une femme ne pense pas, une femme doit être dans sa cuisine, une femme qui abandonne son mari est damnée… Elle veut vivre, normalement, simplement, humainement. Et non terrorisée. Le danger de mort qui plane sur elle, l’obligera à prendre les devants, dans un dernier sursaut de son instinct de préservation. Bien que divorcé, il est toujours là. «Qu’importe les juges ou les papiers, tu es ma femme et ça rien n’y peut changer».

Farrah FawcettSi, la mort… Elle osera s’affirmer jusqu’à bout comme un être humain qui a le droit de disposer de sa vie. Même quand celle-ci passe au travers de celle des autres. Elle le tuera pour vivre. Étonnante Farrah Fawcett, d’autant plus que là, elle surprend. Pourquoi nous avait-elle caché si longtemps la grande comédienne qu’elle est sous son brushing de pétulante linotte hollywoodienne ‘? Quel talent ! De plus, accepter comme elle le fait de foutre à la poubelle son atout numéro un, la beauté, pour donner plus de corps au personnage de Francine. C’est réussi au-delà du permis. Au bout de dix minutes, elle est Francine, forte et fragile, lumineuse et intelligente, belle.., et touchante. Quant à Paul Le Mat qui joue l’ignoble, on a tout le temps envie de lui foutre son poing dans la gueule… Il a donc, lui aussi, réussi son pari. Une œuvre rare comme seule la vidéo peut nous en proposer…

Choisir son Macintosh

MacintoshNombreux sont ceux qui souhaitent franchir le pas de l’information et ont déjà repéré le fameux Macintosh d’Apple. Pour faire aboutir leur choix, cette société leur propose le guide du Macintosh qui a pour mission de répondre à toutes les questions, que vous soyez un particulier ou que vous ayez à utiliser l’ordinateur en professionnel. Pour se le procurer, il faut s’adresser à JCR Electronique, 56-58, rue Notre-Dame-de-Lorette, 75009 Paris. Tél. : 42.82.19.80.

Champions : un inédit primé à Deauville

C’est peut-être avec «Champions» (Embassy) d’Irvin (1) que John Hurt donne la vraie mesure de son talent. En interprétant le rôle de Bob Champion, ce jockey condamné par la médecine et qui lutte plus fort que la mort. Rôle mélo s’il en est, mais que John Hurt réussit à interpréter en évitant les pièges de la sensiblerie. John Hurt parvient à se fondre dans la peau du personnage au prix d’une métamorphose quasi entière et sans recourir à des artifices. L’espace d’un film, il est Bob Champion, et on s’étonne presque de le retrouver dans un autre film. Un talent qui lui vient certainement de sa formation théâtrale qu’il a su adapter au cinéma en y apportant les nuances nécessaires. John Hurt, une des figures les plus intéressantes du cinéma anglais, est fils de clergyman, né en 1940. Il se destine tout d’abord aux arts plastiques, étudie la peinture à la St Martin school of arts. Mais, très vite, le théâtre l’attire.Deauville Une révélation, lorsqu’il voit Burton au théâtre dans le rôle d’Hamlet. Alors il se lance sur les planches, et reçoit en 1963 le Prix du meilleur jeune acteur pour «The dwarves» (les nains) une pièce d’Harold Pinter. En 1966, et à la suite de son apparition dans «Little Malcolm and his struggle against the eunuques», il est remarqué par Fred Zinnemann qui lui confie le rôle de Richard Rich dans «Un homme pour l’éternité», rôle qui marquera pour John Hurt le début d’une carrière internationale. Depuis, il n’a pas cessé de jouer, entre le théâtre, le cinéma et la télévision. Souvent des seconds rôles. Il apparaît dans « Le contrat» de Frears, «Alien» de RidleyScott, dans «Le succès à tout prix» de Skolimovskyet dans «Champions» d’Irving où il révèle un grand talent malgré un contexte troublé dans sa vie privée : il perd sa femme au milieu du tournage. Son premier réel grand rôle de composition, il le doit à David Lynch qui lui fait jouer «Elephant man». Un film où l’on n’aura pas le loisir d’observer le look caractéristique de John Hurt, visage émacié, traits profonds puisqu’il est métamorphose en Elephant man et joue avec un attirail-maquillage féroce. Chaque journée de tournage était d’ailleurs une épreuve pour l’acteur qui devait supporter sept heures de maquillage par jour. Paradoxalement, c’est en jouant derrière un masque que l’acteur John Hurt sera reconnu. Puis le metteur en scène anglais Michael Radford l’engage pour tenir le rôle de Winston Smith dans «1984» adapté de l’œuvre de George Orwell. Là encore, Hurt s’impose en personnage torturé, émouvant. Malgré le succès mitigé remporté par ce film, Hurt est vraiment excellent face à Burton, ici dans son dernier rôle. Le registre de John Hurt tient surtout de la tragédie. Pourtant l’homme ne manque pas d’humour, un humour british forcément british, on ne naît pas fils de clergyman pour rien. Alors sur «1984», Hurt n’hésite pas à prétendre que si Burton a accepté le rôle c’est simplement parce que lui, Hurt, y tenait le rôle principal. Comme il n’hésite pas non plus à prétendre que les metteurs en scène pour qui il travaille se prennent immédiatement la grosse tête… Reste que s’il n’est pas vraiment connu du grand public en France, John Hurt est un acteur de la trempe de Peter O’Toole ou Laurence Olivier, et qu’il nous faudra certainement du temps pour nous en apercevoir. « Un grand écrivain m’a dit un jour qu’il n’était pas essentiel d’être apprécié. Le jour où j’ai compris cela, je suis devenu un individu libre», dit John Hurt. Un peu Elephant man tout cela, mais un peu vrai au fond…